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Le mariage entre cousins croisés

par Phil Bartle, PhD

traduit par Clara Milochau

Chez les Akan, le groupe de descendance matrilinéaire ou abusua est exogame :  ses membres sont obligés de choisir leur conjoint en dehors de ce groupe de descendance.  Autrement dit, les époux doivent chacun appartenir à un groupe de descendance différent.  Par ailleurs, un père et ses enfants n'appartiennent pas au même abusua. Ainsi est-il possible d'épouser un(e) cousin(e) croisé(e), c'est-à-dire l'enfant de son oncle maternel ou l'enfant de sa tante paternelle. Dans de nombreux groupes de descendance unilinéaire, on privilégie l'union avec un(e) cousin(e) croisé(e). 

Un(e) cousin(e) croisé(e), c'est l'enfant du frère de sa mère ou de la soeur de son père ; des cousins croisés, ce sont donc les descendants de deux germains de sexe différent.  Un(e) cousin(e) croisé(e) se différencie d'un(e) cousin(e) parallèle, que l'on considère comme un frère ou une soeur ; il s'agit de l'enfant de sa tante maternelle ou de son oncle paternel.  Des cousins parallèles sont donc les descendants de deux germains de même sexe. Ainsi, se marier avec un(e) cousin(e) parallèle serait commettre un inceste.

Dans une société matrilinéaire, il existe deux types de mariage entre cousins croisés. 

Nous verrons plus loin que le nombre de mariages arrangés ne cesse de diminuer et que le mariage entre cousins croisés est de moins en moins l'union privilégiée.

Le mariage entre cousins croisés est soit de type (1) asymétrique, soit de type (2) réciproque.  Afin que vous puissiez mieux comprendre ces différences, j'ai schématisé les deux types de mariage.   Pour chacun des deux schémas, le rond représente la femme, le triangle l'homme, le signe égal symbolise le mariage ou la relation conjugale, les lignes verticale et horizontale représentent respectivement la descendance et le lien fraternel. 

Le mariage entre cousins croisés de type asymétrique

S'il se répète de génération en génération, le mariage entre cousins croisés de type asymétrique exige des deux matrilignages de s'engager l'un envers l'autre.   Ce type de mariage est étroitement lié à l'organisation de la société akan en confédérations, permettant la formation de villes, d'Etats ou de divisions au sein même de ces Etats.  Sur le schéma ci-dessus, le lignage de droite s'est engagé à toujours donner une épouse ;  le lignage de gauche s'est engagé à toujours donner un époux.  On dit du lignage du chef du village qu'il est marié à chaque lignage de la confédération.  A l'époque de mes recherches sur le terrain, le chef d'Obo avait trente-deux épouses.  En réalité, il n'entretenait de relations conjugales qu'avec la femme qu'il avait épousée avant sa nomination comme chef.   Pour les femmes majoritairement âgées, qui font maintenant partie des femmes structurelles du chef d'Obo, cet engagement est considéré comme une forme d'assurance vieillesse.   Selon la tradition, quand l'une des femmes du chef vient à mourir, le lignage de cette épouse décédée doit lui en donner une autre. 

Sur le schéma du mariage de type asymétrique, les personnes en orange appartiennent au lignage A, soit le lignage du chef, et celles en bleu appartiennent au lignage B, soit un lignage membre de la confédération. 

Le second type de mariage entre cousins croisés se fonde sur la réciprocité.  Il s'agit également d'une relation entre deux lignages, mais, à chaque nouvelle génération, chacun d'eux s'engage à donner alternativement un époux et une épouse. 

Le mariage entre cousins croisés de type réciproque

Le modèle réciproque remplit deux fonctions : l'une économique, l'autre politique.   Dès qu'un homme devient suffisamment riche, son intérêt est de subvenir aux besoins de son (ou ses) fils.  Cependant, à la mort des parents, seule la mère peut transmettre trois éléments à ses enfants : l'héritage principal (lien d'appartenance à l'abusua), la succession à la fonction et la propriété des terres.  Pour que le père puisse lui aussi transmettre un héritage, il doit accumuler du capital et l'investir dans l'avenir de son fils (création d'un commerce ou d'une plantation de cacao) ; ainsi, ce capital sera transmis au lignage de son fils.  Et si son fils épouse la fille de sa soeur (mariage avec sa cousine croisée patrilatérale), ce capital appartiendra de nouveau à son propre lignage.   Voilà pour la fonction économique de ce type de mariage. 

La terminologie de la parenté permet de mieux comprendre ce type d'engagement.   Le fils dont on vient de parler emploie l'expression "père féminin" pour désigner la soeur de son père (siwa ou agyewa).  Une fois marié à la fille de son "père féminin", il emploiera ce même mot, légèrement modifié, pour désigner cette nouvelle "belle-mère". 

Sur le schéma du mariage de type réciproque, les personnes en bleu appartiennent au lignage B, et celles en rose appartiennent au lignage C.

En ce qui concerne la fonction politique de ce type de mariage, il faut revenir sur l'héritage spirituel patrilinéaire (ntoro), qui remonte à la société et à la culture des Guan, peuple qui occupait le territoire avant l'arrivée des Akan.  Quand un éminent ancien ou un chef décède, nous savons que son groupe de descendance matrilinéaire doit désigner un successeur parmi ses membres.   Ce que nous savons moins, c'est que ce candidat doit appartenir à la même division spirituelle (ntoro) que celle du décédé.   Un candidat à la succession du chef d'Obo, par exemple, a plus de chance d'être désigné comme tel s'il est affilié au groupe paternel spirituel "Amu", qui est lié au dieu Tano, c'est-à-dire au dieu du tabouret d'Obo.  Pour les autres chefs, les anciens et les prêtres, cette information relative à la consanguinité en ligne patrilatérale du chef d'Obo est importante à connaître car elle leur permet de répondre "Yaa amu," lorsque le chef leur dit "Bonjour". 

Au cours du temps, la société kwawu (comme toute société) a évolué et s'est urbanisée, occidentalisée et industrialisée. Ses membres sont de plus en plus nombreux à choisir un conjoint en dehors du village d'origine et en dehors du district du Kwawu, et de moins en moins nombreux à répondre aux espoirs et aux désirs de leurs aînés ; un contexte qui explique le déclin du mariage entre cousins croisés.  Seulement, comme la loi ghanéenne reconnaît aux confédérations de groupes de descendance matrilinéaire le système traditionnel du régime foncier, la chefferie et les institutions liées à la descendance matrilinéaire (ex. : le mariage entre cousins croisés) perdurent. 

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Mise à jour : 04.12.2012

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