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UN PLAIDOYER EN FAVEUR DE LA SPONTANÉITÉ
Discours d’allocution ; conférence de Bellarmine, Université de Loyola, Marymount
Une Communauté Juste Los Angeles, le 7 Novembre 2005
Traduit par Sonia Denoix
En toute modestie, je suis ici une des personnes référence à laquellle vous pourriez faire appel dans cette conférence. J’ai travaillé pour le développement des communautés pendant 40 ans environ, principalement en Afrique, un peu en Asie et un petit peu en Europe et en Amérique du Nord. J’ai travaillé dans l’organisation et l’élaboration de programmes, conseillant les gouvernements et les conseils municipaux, pour les Nations Unies, des agences d’aide, des compagnies privées, des ONG à but non lucratif. J’ai travaillé auprès des communautés rurales et urbaines, j’ai formé des centaines de travailleurs dans les communautés, les ai dirigés et coordonnés et j’ai développé plusieurs centaines de documents de formation pour les communautés en développement. Je suis aussi un érudit, j’ai recherché et écrit sur le sujet et j’ai enseigné dans des universités en Afrique, en Europe et au Canada. J’espère que cette expérience peut être d’une quelconque utilité pour certains d’entre vous, à Los Angeles, étant donné que nous travaillons ici, ensemble, dans le but d’une Communauté Juste.
Que pouvons-nous apprendre du travail dans les communautés en Afrique qui pourrait être mis en pratique, ici, à Los Angeles ?
Organisation linéaire.
L’Afrique est submergée de projets en reste et vains qui n’étaient pas durables et qui ont échoué, spécialement lorsque les donneurs partaient. Ils semblaient tous bien sur le papier : idée, stratégie, buts, objectifs clairement définis, ressources identifiées, plan d’action, business plan, contrôle, leçons apprises.
Beaucoup d’entre eux ont fait participer les communautés destinataires, par quelques consultations pour trouver ce dont elles avaient besoin et quelles étaient les conditions locales. Ensuite, les projets étaient retournés au donneur ou agence d’exécution, affinés, approuvés et préparés pour la mise en œuvre. Les membres de la communauté n’étaient plus nécessaires, et, de toutes manières, n’étaient pas prompts à exécuter tous ces rapports.
C’est la leçon apprise. Il n’y avait pas, en réalité, de participation de la communauté dans la prise de décision du début à la fin, il y avait peu ou pas de sentiment de propriété, et quand les donneurs partaient, les populations locales s’y référaient comme appartenant aux donneurs, et ne faisaient rien pour poursuivre ou maintenir le projet.
Echecs de l’organisation linéaire.
Ce dont on a besoin c’est d’un peu moins de modèles d’organisation pré-établis et d’un peu plus de spontanéité et de flexibilité, et d'une garantie que les membres de la communauté sont impliqués dans l’organisation et l’exécution du début à la fin (sans oublier de mentionner le sacrifice de certaines de leurs ressources) : certaines réflexions latérales ou principales, un certain respect de la part du donneur ou de l’agence d’exécution, et une certaine volonté des donneurs à impliquer les membres de la communauté dans le processus, qui entraîne, par conséquent, un peu de désordre.
Si nous voulons une communauté juste, ici, en Californie, ou n’importe où ailleurs sur ce continent, alors dans les relations donneurs/bénéficiaires, nous pouvons apprendre de ces exemples dans lesquels les donneurs représentent désormais n'importe quelle source de fonds ou d'idées, comme les hauts niveaux du gouvernement, ou les agences, à la fois privées et gouvernementales, qui manifestent un désir de renforcer la justice dans leurs communautés.
Le compte-rendu « dimension » décrit la communauté comme une institution culturelle ou sociale.
Le sociologue allemand Tönnis a utilisé deux mots, gemeinschaft et gesellschaft, qui déterminent strictement et simplement le sens d'une « communauté » et d'une « société. » Maintenant, quand nous utilisons ces deux mots, en anglais, en sciences sociales, ils peuvent être transformés de noms en adjectifs, et ne sont plus des catégories séparées et immuables, mais des attributs qui sont appliqués à l'echelle de nos communautés.
Le mot gemeinschaft peut être utilisé à l’échelle d’une petite communauté, informelle, où tout le monde se connaît comme une personne complète plutôt que comme un rôle, et l'atmosphère peut être qualifiée de chaleureuse et d'harmonieuse.
A contrario, le mot gesellschaft peut être utilisé pour parler d'un degré où les relations sont plus froides et formelles, plus inflexibles, plus contractuelles, et où nous connaissons chacun selon son rôle tel que l'épicier, le chauffeur de bus, l'officier de police, le client ou autre - c'est-à-dire comme une personne incomplète.
Le compte-rendu des seize éléments montre les moyens par lesquels nous devons ou nous pourront renforcer les communautés.
Plus nous entreprenons de réaliser des organisations linéaires pour renforcer les communautés, plus nous déplaçons la communauté du gemeinschaft au gesellschaft. Nous risquons d'enlever la nature essentielle de la communauté quand nous commençons à le faire. Si nous sommes plus souples, que nous prenons notre temps, que nous trouvons les moyens de renforcer le chaleureux et l'harmonie, et que nous sommes suffisamment flexibles pour tolérer une approche désordonnée, plus nous pouvons réussir davantage à créer des communautés justes.
Le monde bouge inexorablement vers le gesellschaft. Cela a commencé dans la première ville, Mohenjo Daro, il y a 10 ou 12 000 ans grâce au résultat des surplus agricoles. Il a pour effet l'urbanisation et la division croissante du travail et l’interdépendance.
Mais biologiquement nous, les êtres humains, n’avons pas vraiment changé, durant ces 50 000 dernières années, et nous sommes voués à vivre en petits groupes, face à face, dans lesquels nous connaissons tout le monde. Ce que nous voyons se produire se passe à un niveau local, de manière spontanée, nous créons des nouvelles, peut-être pseudos-relations de gemeinschaft. Nous apprenons le terme et l’utilisons pour nommer l'épicier, le conducteur de bus, le facteur.
Pendant que nous cherchons une communauté juste, nous avons besoin de renforcer la communauté. Il ne faut pas jeter le bébé (notre gemeinschatf ) avec l'eau du bain : il est chaleureux, harmonieux, désordonné, spontané et humain.
Nous avons besoin de célébrer notre spontanéité. Nous avons besoin d’encourager la créativité en nous-mêmes et chez les autres. Nous avons besoin de changer la forme afin que nous n’ayons pas tout proprement classé dans les détails des lignes du budget, avant de commencer à agir.
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(VCN)
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