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CHOISIR UNE COMMUNAUTÉ
les critères de sélection des communautés à mobiliser
par le Dr. Phil Bartle
traduit par Fabienne Flessel
Dédicacé à Gert Lüdeking
Document de formation
Quelles sont les meilleures communautés pour la mobilisation?
Introduction :
Vous devez parfois choisir une communauté; à d'autres moments, elle est choisie pour vous. Si vous avez le choix dans ce domaine, ce document vous guidera dans la prise de décision.
Cet exposé est utile aux mobilisateurs comme aux responsables de gestion de mobilisateurs.
Des procédures de sélection variables :
Une communauté peut être choisie pour vous de façons diverses. Peut-être, travaillez-vous pour une ONG ou un projet, qui a sélectionné en amont les communautés qui bénéficieront de ses actions. Peut-être faites-vous partie d'un processus d'organisation gouvernemental (régional, provincial, local) qui a déjà sélectionné les communautés qui bénéficieront des services.
De plus en plus de projets ruraux de taille liés à l'eau utilisent l' approche demande-réaction. Cela signifie qu'une communication publique annonce qu'une aide, pour l'approvisionnement en eau et les structures sanitaires, sera disponible pour les communautés qui postuleraient et qui répondraient à une liste spécifique de critères. Ce n'est qu'une fois la communauté sélectionnée pour cette aide, qu'un mobilisateur peut lui être envoyé.
Peut-être vous propose-t-on une formule, telle que des villages plus proches de la capitale de la région ou des communautés d'une taille spécifique, parmi lesquels vous choisirez chaque communauté successivement selon sa taille ou la distance. Ces critères arbitraires ne vous laissent pas le choix (basé sur les principes de la mobilisation) de la communauté à choisir en premier, en second, en troisième et ainsi de suite.
Dans les cas où vous avez le choix, le choix peut-être défini de plusieurs façons différentes. Vous êtes, peut-être, un responsable de gestion ou un coordinateur pour une zone donnée (p. ex. le district ) qui peut choisir les communautés dans cette zone où envoyer plusieurs mobilisateurs.
Ou, il est possible que vous soyez un mobilisateur qui travaille dans une zone précise et que vous puissiez choisir les communautés dans cette même zone. C'est sous de telles conditions, que vous pouvez mettre en place certains des principes de renforcement traités à plusieurs endroits de ce site web, pour décider quelles communautés choisir, dans quel ordre et dans quel cadre temporel.
Si vous êtes un mobilisateur qui peut faire de tels choix, alors ce document devrait vous aider à les faire. Si vous êtes un responsable de mobilisateurs, nous vous suggérons de communiquer sérieusement avec votre ou vos mobilisateur(s), comme c'est le cas dans la gestion participative, et de parvenir avec eux à des accords sur le choix des communautés et des moments d'intervention.
Si vous êtes un bénévole ou un activiste sans affiliation, vous pouvez utiliser de divers critères, mais ceux qui sont cités et analysés ici peuvent vous être utiles dans votre prise de décision.
Pourquoi choisir une communauté ?
Il y a deux critères principaux qui pourraient vous aider à choisir une communauté où faire intervenir votre mobilisation. Il y a (1) la nécessité et (2) la probabilité de réussite.
Peut-être dans un monde idéal, où chaque communauté répondrait de la même manière à la même action, le choix d'une communauté s'avérerait plus simple. Les communautés les moins affluentes, dotées des capacités et du pouvoir les plus limités, devraient être les premières à recevoir un mobilisateur pour travailler avec elles.
Pourtant, le monde n'est pas idéal. Un autre critère de sélection doit être prioritaire. Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles une communauté ne devrait pas être sélectionnée pour l'animation sociale: si elle ne semble pas prête à y répondre ou si tous les efforts de la mobilisation sont voués à l'échec.
Le potentiel de réussite est un critère important et non pas uniquement une nécessité. L'échec peut gâcher la réputation de la mobilisation. Le succès peut susciter une mobilisation plus importante. Si un effort est fait pour mobiliser une communauté et que des ressources sont engagées ( les salaires des mobilisateurs, le temps et l'énergie), elles seront gâchées si l'effort s'avère un échec.
En un mot, on peut construire à partir de points forts et le succès génère des points forts.
Les facteurs qui conditionnent la réussite :
Lorsque vous vous retrouvez dans le cas où vous devez choisir une communauté pour y envoyer des mobilisateurs, vous devez avoir des informations sur ces communautés. Certaines informations peuvent être précieuses pour prédire les lieux où la mobilisation a le plus de chances de réussir.
Une communauté a-t-elle un besoin urgent ou un problème? Si c'est le cas, peut-il servir de centre d'intérêt? Si les membres d'une communauté sont d'accord sur le fait qu'ils font face à un problème particulier, cela peut servir de base de réussite pour une mobilisation initiale.
Y a-t-il eu des précédents de réussite dans la mobilisation ou l'auto-mobilisation? Notez bien que nous utilisons le mot "réussite." Une mobilisation antérieure n'est pas forcément un atout et peut même être un obstacle, si elle est considérée comme un échec par les membres de la communauté. Nous utilisons aussi l'expression "auto-mobilisation." Si la communauté s'est déjà mobilisée sans intervention extérieure, alors elle bénéficie d'un atout interne qu'un mobilisateur efficace devrait pouvoir exploiter.
Quelles sont les attitudes des autorités locales (dirigeants, les officiels)? Sont-ils volontaires, bienveillants, bien informés? Les dirigeants politiques et officiels locaux sont rarement des atouts pour les méthodes de renforcement: ils recherchent généralement des ressources extérieures et ne sont pas toujours conscients du risque de dépendance que cela peut générer. S'ils sont ouverts à vos explications des méthodes de renforcement, et peuvent comprendre qu'elles sont à leur avantage au long terme (et bénéfiques à leurs aspirations politiques), alors ils sont des alliés potentiels (voir les Politiciens). Votre principal souci est qu'ils ne deviennent pas des obstacles pour votre travail. Sans leur approbation, même passive, la mobilisation coure le risque d'être détournée voire corrompue.
Quelle est la situation du transport et de la communication vers et à partir de la communauté? Y a-t-il un accès à la communauté toute l'année? Y a-t-il une route adaptée à toutes les conditions climatiques? La pluie et les inondations (dans les pays tropicaux) ou la neige (dans les communautés proches de l'Arctique) peuvent rendre une communauté inaccessible à certains moments de l'année. Ceci gênera la mobilisation.
Des lignes téléphoniques sont-elles en fonctionnement toute l'année? Même si les routes sont bloquées, des lignes opérantes peuvent être utiles à la mobilisation. Une connexion internet ou même un service exclusivement de messagerie peuvent aussi être utiles, surtout s'il n'y a pas d'accès physique à certains moments de l'année.
Quelle est l'organisation sociale de la communauté? Est-elle propice à l'auto-assistance? Il est nécessaire ici d'être sociologue. Vos mobilisateurs et vous-même ne devez pas uniquement mener des études sociales, vous devez être capable de considérer ces données à travers une perspective sociale. (Voir Culture pour une explication de la façon dont la nature sociale d'une communauté dépasse les individus qui la composent.). Voir le module sur la Recherche communautaire. Les données qui y sont rassemblées et exposées par les mobilisateurs doivent être organisées et classées dans un Système de Gestion d'Information (SGI) qui permette de les retrouver aussi rapidement et facilement que nécessaire.
Ces informations devront vous aider à décider quelle communauté sera la plus susceptible à répondre positivement à la mobilisation. La façon dont vos mobilisateurs tiennent les dossiers, mènent leurs recherches de références et suivies et la façon dont vous les guidez dans ces actions sont très importantes.
Y a-t-il de potentiels dirigeants qui pourraient mener le processus de mobilisation et de renforcement? Peut-on les identifier? Peut-on leur apporter une formation pour les compétences nécessaires? Vont-ils coopérer avec le processus de renforcement?
Quelle est la grandeur de la communauté? Est-elle trop petite pour s'engager dans des activités d'auto-assistance? Est-elle trop grande pour être organisée?
Existent-ils des conflits dans la communauté? Quelle est le degré ou le niveau de désaccord? Est-il possible de mener un processus d'unification qui rapprocherait les différentes factions ?
La violence est-elle présente dans la communauté? Y a-t-il des affrontements de bandes rivales dans les rues?
Y fait-on preuve de tolérance ethnique (linguistique et religieuse)?
Même s'il y a du désaccord, y a-t-il un potentiel pour le réduire durant le processus de mobilisation? La communauté est-elle réceptive à un processus d'unification? Pour répondre à cette question, une analyse sociologique sera nécessaire.
Toutes ces questions renvoient à des situations dans les communautés. Les réponses peuvent vous aider à estimer si les efforts de mobilisation seront fructueux. Si une communauté semble plus susceptible à être mobilisée et de devenir plus indépendante, alors elle devrait être un candidat à privilégier pour votre programme de mobilisation.
Conclusion :
Il y a deux critères importants selon lesquels vous devriez déterminer quelle communauté choisir pour la mobilisation, le besoin (d'abord la plus pauvre) et puis la probabilité de réussir. Si vous êtes responsable de plusieurs communautés, elles doivent toutes répondre à ces deux critères.
Si vous devez choisir parmi plusieurs communautés (disons dans une zone géographique donnée), alors vous devez choisir celles qui ont le plus besoin d'être renforcées, mais aussi celles qui sont les plus susceptibles à réagir positivement à l'action de renforcement.
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