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JEUX DE RÔLES ET DE SIMULATION
Une technique de formation
par le Dr. Phil Bartle
traduit par Jean-Philippe Drécourt
révisé par Silke Reichrath
Notes pour le promoteur
Les jeux simulent des situations réelles et permettent aux joueurs de tester leurs nouvelles compétences.
Introduction :
« La formation par la pratique » a été recommandée dans plusieurs documents de ce site web. Nous apprenons en lisant, en écoutant quelqu'un d'autre parler, en assistant à des démonstrations, et en faisant les choses nous-mêmes.
Bien sûr chaque individu a sa propre façon d'apprendre, et ses propres capacités en fonction de la façon dont il obtient les informations à apprendre. Cette liste propose une tentative de généralisation.
Si l'on examine les différentes méthodes d'apprentissage, la lecture est classée dernière au niveau de l'efficacité. L'information est difficile à assimiler et à comprendre, et la mémorisation n'est généralement qu'à court terme.
Écouter une présentation est aussi très bas dans le classement, quasiment au même niveau que la lecture. Assister à une démonstration, ou la regarder sur une vidéo ou un film, est un peu plus efficace (en particulier les démonstrations en direct).
En haut du classement on trouve les situations ou le stagiaire participe à l'activité à apprendre. L'assimilation est plus rapide, plus complète, les participants sont plus concentrés, et la mémorisation est de bien meilleure qualité. Dans une classe ou un atelier, il n'est cependant pas possible de reproduire exactement des situations du terrain dans lesquelles le stagiaire peut participer.
C'est l'une des raisons pour lesquelles la formation ne doit pas se faire en un seul bloc, et ensuite laisser le promoteur ou le mobilisateur se débrouiller sur le terrain. Après quelque temps sur le terrain, les mobilisateurs doivent revenir au centre de formation afin qu'ils puissent discuter de leurs expériences, et être formés plus en détail, en fonction de ce qu'ils ont déjà fait.
Un suivi de routine régulier doit être un élément normal de tous les programmes de promotion de la mobilisation, de développement de la capacité, de réduction de la pauvreté, de formation à la gestion, et de génération de revenus. Il existe aussi une forme de participation simulée qui peut être utilisée dans une salle de classe, un atelier, ou une session de formation.
Il est prouvé que les jeux de rôle ou de simulation sont très efficaces. De telles simulations de participation doivent être utilisées lors de la formation de vos promoteurs et de vos mobilisateurs, ainsi que par ceux-ci mêmes lors de leur travail de développement de la capacité, de mobilisation de la communauté, de génération de revenu, et de formation à la gestion.
L'essence d'un jeu de rôle :
Un jeu de rôle est une session de formation pendant laquelle le promoteur, avec l'aide d'un ou deux assistants, prépare un scénario où les participants ont des rôles différents. Ces rôles sont équivalents aux rôles dans lesquels les participants vont se trouver lorsqu'ils travailleront sur le terrain. Le jeu permet aux stagiaires de jouer différents rôles choisis pour représenter les rôles présents dans une situation réelle.
Un avantage important de cette méthode est que les stagiaires ont la possibilité d'observer la situation d'un point de vue différent de celui qu'ils auraient dans la situation réelle. Cette opportunité leur donne une plus grande sensibilité aux expériences des autres personnes dans la situation sur le terrain.
La session de compte-rendu après le jeu permet aux stagiaires d'analyser certaines interactions sociales qui ont lieu durant une activité donnée. L'objectivité est profitable à la fois à ceux qui prennent part au jeu de rôle, mais aussi à ceux qui observent la session.
Il y a trois étapes dans une session de jeu de rôle classique : (1) la mise en place, (2) le jeu, (3) la discussion.
Mise en place du jeu :
Lors de la mise en place du jeu, le promoteur met en scène la situation. C'est à dire qu'il décrit le scénario et distribue les rôles aux participants. Si un participant joue un certain rôle sur le terrain, il est plus efficace de lui donner un rôle différent durant le jeu de rôle.
Une partie optionnelle de la mise en place consiste à donner du temps aux acteurs principaux pour discuter de la trame de leur jeu. En tant que promoteur, vous devez décider de cela en fonction des sujets sur lesquels vous voulez mettre l'accent. Ce doit être décidé lorsque vous préparez l'atelier dans lequel le jeu de rôle sera joué. Une autre possibilité est de rédiger une page de description du scénario dont les joueurs prennent connaissance avant de commencer.
Vous pouvez aussi écrire un paragraphe de description du rôle de chaque joueur principal. La description peut inclure les objectifs et les préoccupations de la personne jouant un certain rôle, peut-être des dialogues clés, ou une déclaration que le joueur doit lire. Les variations possibles sont nombreuses ; utilisez-les.
Il peut aussi être utile de profiter de la spontanéité des différents joueurs, et de les laisser développer leurs rôles dans le feu de l'action. Dans ce cas, les joueurs n'auront pas le temps d'organiser la trame du jeu, et il n'y aura pas de descriptions ou de lignes directrices.
Le jeu :
Lors de la deuxième partie de la session, le jeu, les stagiaires jouent leurs rôles pendant que le déroulement du jeu.
Si le jeu se prolonge trop, le promoteur peut avertir les joueurs que le jeu va se terminer dans une ou deux minutes. Si au contraire le jeu est trop court, le modérateur doit encourager les joueurs à embellir leur rôle, ajouter des discours, des monologues, et des actions qui enrichissent leurs personnages.
Le compte-rendu :
La troisième partie est le compte-rendu. C'est une partie très importante et elle ne doit en aucun cas être négligée.
Il est essentiel que tous les stagiaires discutent de ce qui vient de se dérouler. Il peuvent interroger les joueurs individuellement pour savoir pourquoi ils ont pris telle position, dit ou fait certaines choses. L'explication et la discussion qui en découlent sont essentielles pour que les participants atteignent une meilleure compréhension des dynamiques sociales liées à une situation donnée sur le terrain.
Dans certaines sessions de jeu de rôle, la tension peut monter (colère, consternation, désaccord), particulièrement si certains joueurs prennent le jeu trop sérieusement, et prennent des positions extrêmes. Les discussions durant le compte-rendu permettent au promoteur de calmer le groupe, et d'expliquer que c'est la structure du jeu qui crée la tension, pas l'entêtement (ou la méchanceté) des personnes qui jouent les rôles.
Cette tension n'est pas à éviter ; c'est un moyen de révéler la nature de certaines situations sur le terrain, et d'encourager les participants à être sensibles aux différents préjugés, aux valeurs, aux buts, et aux positions des personnes qui prennent part à la situation dans la réalité.
L'importance de l'humour :
Lors de la mise en place et de la discussion, le promoteur doit encourager les participants à garder leur sens de l'humour. Il faut se rappeler qu'un « jeu » est par définition différent de la réalité, et qu'il ne doit pas être pris littéralement. L'humour est de mise.
L'humour peut détendre une situation difficile, et il permet aux participants de prendre une certaine distance pour analyser une situation qu'ils vivront peut-être plus tard sur le terrain.
Les participants doivent être encouragés à forcer leur rôle (expérimenter avec leur rôle, exagérer), et à prendre plaisir à jouer.
Quand utiliser le jeu de rôle :
Il a déjà été mentionné que le jeu de rôle doit être utilisé pour la formation des mobilisateurs et des promoteurs, ainsi que par ceux-ci mêmes dans leur travail sur le terrain. L'utilisation du jeu de rôle ne doit pas être limitée à la formation initiale, ou aux session de sensibilisation.
C'est un outil très utile lors des revues annuelles ou semestrielles des différents programmes, ainsi que lors des comptes-rendus et de la formation continue des animateurs socioculturels après une période de travail sur le terrain. Ils sont aussi utiles pour les directeurs et les planificateurs de programmes, les gestionnaires, le personnel des agences centrales, tout particulièrement s'ils peuvent se joindre aux travailleurs sur le terrain des programmes qu'ils gèrent.
Vous pouvez inclure plus d'un jeu de rôle pendant un atelier ou une session de formation. Si c'est le cas, changez le type de jeu, en utilisant un scénario et une structure différents (par exemple : avec ou sans consignes écrites ; avec ou sans période de préparation de la trame par les joueurs ; avec tous les participants ou seulement une partie).
Jeux de simulation :
Les jeux de simulations sont plus élaborés qu'un simple jeu de rôle. Le jeu de simulation le plus ancien est probablement « Le pouvoir des Soleils », développé pour un cours de science politique.
L'un des jeux de simulation les plus évolués a été financé par l'ACDI (L'Agence Canadienne de Développement International), à Camp Shylo, une aire militaire sauvage au sud du Manitoba. Dans cette simulation, une centaine d'étudiants du secondaire venant de tout le Canada ont été répartis en cinq « nations, » ayant des caractéristiques différentes. Il étaient entourés par des chaperons et des promoteurs et équipés de postes de communication radio, et ont pris part à un jeu qui a duré plusieurs semaines.
La préparation élaborée des simulations, en comparaison avec le résultat (la sensibilisation des participants) ne justifie peut être pas leur utilisation dans la formation de promoteurs et de mobilisateurs, ni comme un outil pour ceux-ci dans la mobilisation de communautés, la réduction de la pauvreté, le développement des capacités, et la production de revenus. *
Conclusion :
Lors d'ateliers de formation et de revue régulières, les jeux de rôles sont des méthodes efficaces de sensibilisation, car ils améliorent la capacité des participants à analyser les situations réelles, et les rendent plus familiers avec les rôles, les intentions, les perspectives et les opinions des personnes qu'ils vont rencontrer sur le terrain.
Même si ce ne sont pas des méthodes participatives à proprement parler, car les situations ne sont pas réelles, elles sont participatives dans leur mise en place, et ajoutent une contribution importante et précieuse à un programme de formation.
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Jeux de rôles :
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