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LA MOBILISATION POUR LA SOCIÉTÉ CIVILE

Lorsque les objectifs de la communauté ne sont pas des installations matérielles

par le Dr. Phil Bartle

traduit par Silke Reichrath


Brochure d’entraînement

Même si les conditions pourraient être différentes, vos principes restent les mêmes

Les objectifs matériels et non matériels

Lorsque vous faites du remue-méninges avec un groupe de la communauté, ou que vous faites une l'évaluation participative avec eux, vous apprendrez quel est leur problème prioritaire. Vous devriez être prêts à écouter n'importe quel problème qu'ils pourraient identifier comme leur problème principal. Il vous faut mettre en question ce qu'ils disent pour clarifier ce qui est le vrai problème, parce qu'ils le pourraient décrire d'une façon différente comme ils n'ont pas clarifié la question auparavant.

Par exemple, ils pourraient dire que leur problème prioritaire est le manque d'un médecin et qu'ils voulaient bien construire un centre de santé, bien que la question principale soit plutôt qu'il y a trop de maladies chez les enfants et que la bonne solution soit quelque mesure préventive comme l'approvisionnement en eau potable non contaminé, la suppression des moustiques et des systèmes sanitaires effectifs. Même après avoir mis en question ce qu'ils disent et clarifié leurs buts, le résultat est quelque chose de matériel.

Par contre, les participants pourraient dire que les propriétaires les traitent d'une façon injuste ou qu'ils ont besoin d'une forme de contrôle des loyers. La solution pourrait être la création et l'activation d'une organisation de locataires qui lutte pour les droits des locataires de la communauté. Une organisation locale de locataires est tout à fait différente de la construction de latrines ou de l'approvisionnement en eau; elle n'est pas matérielle.

De même, les participants pourraient dire qu'il y a des bandes violentes qui pratiquent l'extorsion vers les membres plus faibles de la communauté, ou qu'il y a un trafic des drogues illégales en expansion qui mine les jeunes et contribue au montant du crime pour payer les drogues). La solution est d'organiser la communauté, mais non pas pour la construction d'une école ou centre de santé matériels. C'est la création et la stimulation d'un groupe activiste et d'auto-aide.

D'une part, il faut traiter les buts matériels de la même façon que les buts non matériels. On aide la communauté à développer la capacité de fixer, définir et atteindre leurs buts.

De l'autre part, il faut en savoir un peu sur les questions particulières liées aux différents types de buts. Le module sur l'eau, par exemple, montre qu'une grande partie des questions qui se posent quand on organise une communauté pour se procurer de l'eau potable n'existent qu'en ce secteur.

C'est à peu près de même quand il s'agit de buts non matériels liés aux drogues, à la violence ou à l'exploitation des locataires. L'organisation des jeunes pour former un club de sport manifeste quelques éléments différents que l'organisation du transport de sable pour la construction d'un bâtiment.

Le besoin de revendication de la communauté :

Si l'on aide une communauté à former une organisation de revendication, on sert à deux objectifs. (1) On aide la communauté à affronter ou combattre un mal qu'elle veut redresser et (2) on contribue au développement de la société civile et de l'engagement civil, des facteurs importants du renforcement de la démocratie et du développement d'une société démocratique.

Comme on apprend de plus en plus, la démocratie prospère quand elle s'appuie sur plusieurs autres facteurs dans une société. Ceux-ci comprennent la liberté de parole et la liberté de la presse, la liberté d'association (que les groupes peuvent se former sans contrôle ni interdiction de la part du gouvernement), et la bonne gouvernance (la transparence, l'intégrité, le fair-play, l'autorité de la loi, l'inclusivité).

L'usage d'avoir une « opposition loyale » (ce qui ressemble à une contradiction de termes) dans le parlement et des critiques qui se font entendre (par ex. dans les organisations civiles) en dehors du parlement ne rend pas un gouvernement démocratique plus faible mais plus fort. Cela a l'air d'un paradoxe.

Tout cela est compris dans la signification du concept « Engagement civil ». Étant donné que le pouvoir est comme une drogue et que la corruption augmente avec l'augmentation du pouvoir, il y a plus de chances que le gouvernement maintienne son intégrité s'il doit rendre comptes au public. (Voir : La politique et la mobilisation). L'intégrité se soutient s'il est légal (et encouragé) de mettre en question en public les actions du gouvernement et si le gouvernement doit faire attention et se surveiller pour éviter l'embarras. Des organismes non gouvernementaux indépendants et non affiliés qui se font entendre jouent un rôle important : celui de maintenir le gouvernement honnête.

Plus une société ou communauté a des organismes qui expriment le sentiment général, même s'il ne correspond pas à la position officielle adoptée par le gouvernement, plus forte la société ou communauté. Si, en tant que mobilisateur, on arrive à aider un groupe communautaire à former une organisation activiste, on ne l'aide pas seulement à se renforcer, mais on contribue aussi à une société plus forte en général.

Ailleurs (dans le module la Mobilisation et la politique), on vous conseille d'éviter la politique partisane. Ici vous apprendrez à utiliser vos compétences en organisation communautaire pour créer des organisations qui pourraient arriver à se faire entendre sur le plan politique. Est-ce que c'est une contradiction? Non pas si vous suivez vos directives de mobilisateur; ne pas faire le travail de vos clients, les encourager et former à le faire, mais en les animant plutôt qu'en faisant les choses pour eux.

ONG est ce que fait l'ONG :

Il est dit dans un proverbe ancien de l'Afrique de l'Ouest : "Tous les êtres qui habitent l'océan ne sont pas les mêmes, même si on les appelle tous des 'poissons.'"

Une ONG (Organisation Non Gouvernementale) est un terme résiduel qui met dans la même catégorie un grand nombre de diverses organisations tout simplement parce qu'elles ne sont pas organisées comme partie de la structure du gouvernement. "ONG" se définit d'une façon négative (c.-à-d.: par ce qu'elle n'est pas).

Notre opinion populaire sur ce qui est une ONG est qu'elle se constitue par un groupe d'individus qui s'inquiètent fortement à un sujet particulier. Ils donnent librement de leur temps et leurs forces et forment un organisme consacré à ce sujet, sans but lucratif et pas forcément pour exécuter la politique officielle du gouvernement. Une ONG pourrait être tout cela, mais pas nécessairement ; il y en a beaucoup d'autre types.

Autours du monde, dans les différents pays, les ONGs ont été ─ et continue d'être ─ beaucoup de choses :

  1. Des associations de producteurs (du blé, des fruits, des produits laitiers), des orchestres, des associations des Scouts, des institutions caritatives, des clubs d'échecs, des défenseurs des droits des enfants, des chœurs, des églises, des groupes d'usagers d'ordinateurs, des coopératives, des sociétés de crédit mutuel, des groupes des invalides militaires (comme l'Association des Amputés de guerre et les TB Vets ), des activistes écologistes, des gardiens de l'environnement, des associations ethniques, des clubs des fans, des banques d'alimentation, des associations de futurs agriculteurs, des gardiens des droits humains, des organisations internationales d'aide au développement, des associations des arts littéraires, des groupes de marche, des associations des amateurs de modèles de chemin de fer, des festivals municipaux, des clubs de photos, des commissions de police, des groupes de prière, des associations professionnelles, des associations des militaires à la retraite, des clubs de service (les Clubs Rotary, les Clubs Lions, les clubs Kin), des clubs de sport, des clubs de quadrille, des groupes d'étude, des groupes de bénévoles qui aident les invalides, des groupes d'usagers de l'eau et beaucoup d'autres.

Certaines d'entre ces activités sont dans le domaine d'entreprises commerciales et/ou d'organismes gouvernementaux dans quelques pays et localités et des ONGs dans d'autres. Pourquoi donner tous ces exemples ? On peut former ou inciter un groupe communautaire à organiser une ONG pour faire n'importe quoi. Ce qui est important, c'est qu'on maintient un dialogue avec le groupe pour clarifier les questions, abandonner des actions qui perpétuent le problème en le soulageant et assurer à chaque étape qu'on ne permette pas que le groupe se rende dépendant de vous.

Des ONGs se sont formées dans des pays riches pour réunir des fonds pour les vulnérables dans les pays pauvres, et on a découvert qu'elles envoyaient de l'argent à des groupes terroristes pour des armes. Des ONGs qui ont l'air d'organismes de bénévoles à première vue se révèlent d'être formées par la police secrète pour infiltrer et espionner les groupes dissidents.

Une sorte d'ONG qui se trouve fréquemment dans les pays en développement, où les Nations Unies ou les organismes donateurs opérationnels cherchent des ONGs locales pour exécuter leurs politiques, est, au fond, un service d'expertise commercial. Cette ONG se constitue par un seul individu, généralement un professionnel dans un domaine pertinent, peut-être avec quelques associés et/ou personnel de soutien, et elle fournit des services aux organismes donateurs contre des honoraires. Sur les comptes, on ne trouvera pas de bénéfice, mais cela est tout simple une ruse de comptabilité : les honoraires se dépensent en frais et salaires du personnel, y compris le directeur ou président. Ces petits organismes en voie de s'établir comme service d'expertise s'appellent souvent "des ONGs en porte-documents," parce qu'ils n'ont pas de bureaux ni de membres, seulement le directeur/président et son porte-documents.

Certaines grandes ONGs internationales, qui reçoivent la plupart de leurs revenus d'organismes donateurs comme les Nations Unies ou USAID, sont pareilles : à peine plus que des services d'expertise commerciaux. Comme des entreprises "à but lucratif", ces organismes ne contribuent pas grand-chose à la société civile. Ils ne se font pas entendre en public et n'expriment pas des opinions du peuple qui contrastent avec la position officielle du gouvernement parce qu'ils désirent rester dans les affaires.

Lorsque vous en tant que mobilisateur de la communauté formez un comité exécutif concrètement basé sur les décisions de la communauté, vous créez une Organisation basée dans la communauté (OBC). Cette OBC est une ONG (non gouvernementale), bien que quelques OBCs s'incorporent étroitement dans la structure gouvernementale au niveau municipal et puis national et ne puissent plus être considérées comme des ONGs.

Une structure fréquente d'ONG inclue une adhésion volontaire (souvent avec des droits d'inscription), une assemblée générale annuelle (AGA) où s'élit un conseil d'administration bénévole, et peut-être un secrétariat ou du personnel payé. Lorsque vous formez un groupe, cherchez des moyens, à travers le dialogue avec la communauté, pour assurer que la communauté reste involucrée dans la prise des décisions de l'organisation.

Les différences entre le milieu urbain et rural :

Si on fait la comparaison entre la mobilisation dans le milieu rural et dans le milieu urbain, on constate plusieurs points communs. Les priorités principales des communautés rurales sont souvent des installations matérielles. Celles-ci comprennent l'approvisionnement en eau, les centres de santé, les écoles et les routes. Les zones urbaines sujettes à la mobilisation comprennent souvent des bidonvilles et des quartiers non organisés, de sorte que les installations matérielles peuvent constituer un problème, mais il y a un plus grand nombre de questions non matérielles.

Une question urbaine classique se trouve dans la relation entre les propriétaires et les locataires. Les bâtiments se détériorent parce qu'ils n'appartiennent pas aux habitants et les propriétaires ne veulent pas dépenser de l'argent pour l'entretien. Le bail n'est pas sécuritaire et il arrive souvent que les habitants se voient mis à la porte sans préavis ni recours. Il y a de nombreux problèmes. Si un groupe de locataires se réunit et on les guide à l'identification de leur problème principal, il est probable qu'ils disent qu'ils manquent de droits des locataires. La solution à laquelle ils arriveront peut-être est la formation d'un groupe de pression ─ une Association des droits des locataires.

En tant que mobilisateur, il est important que vous restiez dans l'ombre. Cela requiert de la discipline et de l'humilité ; il y aura beaucoup de tentations de vous lever et vous faire dirigeant public. Votre directive générale est d'animer, non pas de «faire» pour vos clients. N'oubliez pas la métaphore de gym de la méthode de renforcement ; si l'entraîneur fait les pompes pour le sportif, le sportif ne se rendra pas fort.

On est très tenté d'accepter le rôle de dirigeant public, même vos clients tenteront de vous rendre dirigeant. Si vous restez animateur et que vous dirigez votre temps et vos efforts à former vos clients plutôt que de parler pour eux, vous aurez de meilleurs résultats.

La mobilisation pour l'engagement civil:

Lorsque vous mobilisez une communauté qui a des buts prioritaires non matériels, songez bien aux principes clé du renforcement et adaptez-les au contexte local. Laissez les membres de votre communauté identifier leur problème prioritaire par le le remue-méninges et l'évaluation participative.

Mettez en question ce qu'ils disent pour clarifier leur problème. En vous basant sur ce qu'ils disent, aidez-les à atteindre leur but prioritaire. Expliquez-leur l'acronyme SMART, et comment formuler des objectifs spécifiques en se basant sur leur but. Invitez-les à formuler de diverses stratégies pour résoudre le problème. Posez-leur les quatre questions clé de la gestion et la planification.

N'oubliez pas de considérer comment surveiller leurs actions lorsqu'ils formulent un plan d'action. Vérifiez combien d'argent leur projet coûtera, et décidez comment le réunir. Organisez-les pour (1) la prise de décisions et (2) l'action effective. Au début de l'action, identifiez les besoins en ce qui concerne les compétences et les capacités, et trouvez des façons pour les assurer.

Toutes ces méthodes s'expliquent au longue de ces pages web. Adaptez-les aux situations non traditionnelles et aux problèmes non traditionnels. Comme dans le cas des besoins traditionnels de latrines, routes, centres de santé, écoles et installations d'eau, les mêmes méthodes de renforcement peuvent s'utiliser dans le cas de besoins non matériels.

Est-ce qu'il y a du crime et de la violence chez les jeunes ? Est-ce qu'il y a des bandes qui présentent une menace ? Est-ce qu'il est possible de réorganiser ces bandes pour construire une installation de sport par des méthodes d'auto-aide ? Est-ce que le problème est le résultat de drogues illicites ? Est-ce qu'il y a du conflit ethnique ? Est-ce que le manque d'emplois oblige les jeunes femmes et hommes à se prostituer ? Est-ce que la communauté peut s'organiser pour trouver des alternatives ?

Cette page-ci ne peut pas vous donner de recette détaillée ; elle vous donne seulement les moyens pour en élaborer une à vous. N'essayez pas de résoudre les problèmes auxquels fait face une communauté. Ne faites pas les choses pour eux. Invitez-les plutôt à clarifier leurs problèmes, donnez-leur les compétences de résoudre leur propres problèmes et n'oubliez pas qu'ils deviennent plus forts en faisant les choses eux-mêmes.

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© Droits d'auteur 1967, 1987, 2007 Phil Bartle
Création de site web : Lourdes Sada
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Mise à jour : 06.06.2011

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