Le timing dans le Développement Communautaire
Et le processus de sécurité alimentaire
édité par Jac Slik
traduit par Moctar BA
Document de référence
Introduire des innovations économiques et sociales
A.
Introduction:
Ce
qui suit est une réflexion sur l'introduction d'innovations économiques et sociales
dans une communauté. Elle est basée sur mon expérience personnelle de 30 ans en
tant qu'agent de développement communautaire mais surtout une réflexion sur mon
expérience des 2-3 dernières années. Ce n'est pas conçue comme un «comment»
manuel, mais plutôt comme une contribution personnelle à ce qui peut fonctionne
ou non, dans d'autres contextes.
B.
Travailler avec la communauté
Le
moment dans l'introduction d'une innovation est, peut-être, beaucoup plus un art
qu'une science. Comme je l'ai vécu personnellement, à plusieurs reprises je ne
l'ai pas réussie.
L'agent
communautaire (et l'organisme de financement) pourraient identifier un important
problème ou préoccupation et souhaiter introduire des changements dans une communauté.
Toutefois, si la communauté avec laquelle vous traitez n'est pas intéressé à
prendre part à l'innovation, alors elle sera probablement un échec ou, au mieux,
partiellement réussie.
L'erreur
la plus commune que j'ai vu est que des agences ou des individus décident de ce
qui doit être fait, parce qu'ils «savent mieux» ce qu'il faut faire (après tout,
ils sont payés pour ça). Cela est compréhensible sur le plan de la responsabilité.
Si elle nest pas remplie, ils risquent de perdre le financement. Mais cette attitude
exclut la participation communautaire et, par conséquent, l'initiative de l'agent
communautaire risque de ne pa réussir.
C.
Poser des questions afin de connaître la communauté:
Comment
l'agent communautaire répond - t - il aux besoins et préoccupations de la communauté?
L'agent communautaire sage doit, tout d'abord, se demander:
- Est-ce une "idée mûrie" ou simplement une idée qu'il pense devoir accepter?
- Ce problème fait-il partie des préoccupations du public exprimées dans les médias,
dans les conversations avec la population locale?
- Est-ce tout simplement une des nombreuses questions et préoccupations locales?
Si oui, quelle est la meilleure façon de la présenter?
- Les gens se sentent-ils impuissants à résoudre ce problème ou sont-ils prêts
à faire quelque chose, soit en privée soit en se regroupant?
- Quelles sont les personnes qui expriment un intérêt à faire quelque chose et quelles
sont celles qui soit refusent,soit ignorent ou se plaignent mais sans se décider
à agir?
- Quels sont les membres de la communauté qui sont considérés comme des "meneurs
d'hommes» et des ''faiseurs d'opinion''? Comment pourraient- ils être impliqués
dans le processus?
- Est-il nécessaire de sensibiliser le public sur le problème avant que les gens
ne soient prêts à agir?
D.
s'impliquer dans la communauté:
Je
ne saurais trop insister sur l'importance, pour l'agent communautaire, d'avoir une
bonne compréhension, appréciation et du respect pour la communauté dans laquelle
il / elle travaille.
Si
vous ne connaissez pas encore la communauté avec laquelle vous travaillez, apprenez
à connaître les gens, intégrez les groupes locaux, assistez aux réunions ou rassemblements
des gens avec lesquels vous travaillez, ou dont les opinions sont importantes pour
le processus du projet.
Si
vous êtes de la communauté mais n'en connaissez qu'une partie, essayez de vous
intégrer dans d'autres secteurs de la communauté ou de travailler avec des gens
qui sont dans ces secteurs.
Si
vous ne parlez pas leur langue,et quelle que soit la langue, (et il ya autant de
façons de parler qu'il ya de communautés), apprenez - la en la parlant et en l'écrivant.
Oui,
il faut du temps et beaucoup d' efforts, mais si vous ne le faites pas, vous ne gagnerez
ni le respect ni la coopération des gens.
E.
Mieux faire connaître le problème de la communauté:
Votre
travail consiste à présenter ou à soutenir le problème de manière à ce que
les gens puissent le comprendre et se l'approprier.
J'ai
trouvé, par exemple, sur les initiatives auxquelles j'ai participé, que le comité
de travail a été en mesure de renforcer la compréhension du public et, avec elle,
la crédibilité et l'intérêt communautaire sur deux préoccupations différentes
─ le logement et la nourriture. Cela a été rendu possible grâce à la tenue
d'un 'Salon pour le Logement Abordable' dans un centre commercial en 1997, puis à
l'organisation d'un 'Festival sur la Nourriture Locale' avec des affiches, des informations
et un marché pilote d'agriculteurs lors d'une foire en automne 2006.
F.
Soutenir les membres de la communauté pendant qu'ils travaillent sur la question:
Vous
devez appuyer la communauté sur un problème de telle sorte qu'elle se décide à
y faire face, pourvue que cela soit légal et ait une chance raisonnable de réussite.
Votre
travail n'est pas de jouer à l'expert ou à l'autorité, mais de faire des propositions,
de donner des idées et d'offrir votre soutien en cas de besoin de manière à ce
que les gens puissent facilement l'accepter ou le refuser.
Ne
soyez pas esclave de vos propres attentes ou objectifs.
G.
Utiliser des enquêtes et des groupes de discussion pour identifier les problèmes
et
renforcer les membres de la communauté:
Une
des techniques les plus couramment utilisées pour recueillir des informations est
de faire une enquête pour déterminer l'intérêt du public sur la question /sujet.
Une autre technique pour déterminer l'intérêt du public est l'organisation de
groupes de discussion.
Toutefois,
les deux peuvent être utiles et ont leur place. Ces techniques seront beaucoup plus
efficaces, si elles sont faites d'une façon qui permet de renforcer les gens plutôt
que de les utiliser simplement comme sources d'information.
Cela
signifie inviter les gens à non seulement exprimer leurs opinions, mais aussi à
leur demander s'ils sont intéressés à prendre part à leurs propres propositions,
puis les inviter à le faire à la fois comme contributeurs et bénéficiaires de
l'initiative.
1.
Enquêtes
Par
exemple, lors d'une enquête que nous avons mené sur notre banque céréales en
2006, nous avons non seulement demandé aux gens leur avis sur leurs problèmes ,
préoccupations et besoins alimentaires, mais nous les avons aussi invités à apporter
leurs contributions sur les bonnes sources de nourriture et les recettes. En outre,
l'enquête ne devrait demander que des informations pertinentes d'une manière convenable,
en utilisant un langage adapté à l'auditoire cible.
Enfin,
une enquête devrait vous donner une indication, à partir des opinions, sur les
éventuels participants et les "opportunités" d'une initiative proposée.
Cependant,
il est plus difficile de déterminer la volonté des gens à agir sur quelque chose
en se basant sur une enquête. Il peut y avoir de nombreuses raisons pour lesquelles
les gens se disent en faveur de quelque chose mais sans parvenir à y faire face
(par exemple, vouloir dire «la bonne chose" et ne pas avoir ni le temps ni l'intérêt
de la soutenir activement, ou ne pas se sentir habilité à faire quelque chose à
ce sujet).
2.
Les groupes de discussion:
Il
peut être plus facile de déterminer les problèmes mentionnés ci-dessus par le
biais de groupes de discussion.
Cependant,
un danger est que, parfois, des groupes de discussion pourraient être utilisés,
à tort, pour solliciter la participation des gens sans qu'on leur demande ensuite
de s'impliquer dans le processus. Je crois que c'est un gaspillage de bonnes ressources
et de potentiel de la communauté. Ces personnes devraient être invitées, si possible,
à participer au processus, y compris la prise de décision.
Notre
initiative actuelle sur la sécurité alimentaire pour les Communautés Occidentales,
par exemple, invitera les différents intervenants de la chaîne alimentaire (par
exemple les agriculteurs, les jardiniers, les commerçants, les consommateurs et
les fonctionnaires municipaux) à se réunir pour examiner ce que chaque secteur
peut faire pour accroître la production alimentaire locale, les ventes et la consommation.
Chacun sera invité à examiner ce que son secteur doit faire pour y arriver et quel
soutien il aura besoin de la part d'autres secteurs. Puis, ensemble, ces groupes
se réunireront, élaboreront un plan conjoint, fixeront des objectifs réalistes
et travailleront à les mettre en œuvre.
Si
vous obtenez une bonne réponse, en termes de nombre de personnes offrant de se réunir
et de discuter d'une question, sachez que vous avez identifié un problème réel.
L'agent
communautaire sage se demandera qui sont ces membres de la communauté, quels segments
de la population ils représentent, et comment les impliquer dans le processus. Si
c'est une initiative à l'échelle communautaire, il travaillera ensuite à rassembler
ces segments de la population. Si les groupes ou les individus ne peuvent pas ou
ne souhaitent pas travailler ensemble, il peut servir d'intermédiaire entre eux.
Cependant,
dans une initiative à l'échelle communautaire, il est sage d'impliquer autant de
secteurs de la population que possible dans le processus. Dans mon expérience, il
y a «les gens qui parlent» et «ceux qui agissent»; les hommes d'idée et les
hommes d'action. Impliquez les tous de manière à ce qu'ils se complètent mutuellement,
si vous le pouvez.
Une
note de prudence: Ne pas tenter de "mettre toute la communauté ensemble» sur une
préoccupation /un problème dès le début. Si vous traitez une question sensible
ou si l'éventail des idées, préoccupations et opinions est très large, vous ne
pouvez pas vous accorder sur les enjeux et trouver des solutions acceptables. En
conséquence, les réunions ultérieures attireront de moins en moins de participants.
Au lieu de cela, commencez avec un petit groupe de discussion et augmenter progressivement
la participation des individus et des groupes au fur et à mesure que les problèmes
sont identifiés et un plan d'action élaboré.
H.
Responsabilité envers les organismes de financement:
En
tant qu'agent de développement communautaire, comment pouvez-vous concilier l'ambiguïté
initiale de «répondre aux intérêts de la communauté» avec la nécessité de
«responsabilité» ou de répondre aux attentes de l'organisme de financement?
J'ai
trouvé que nous avons besoin de fixer des objectifs ( par exemple objectif 1-X nombre
de personnes prenant part à cette activité, objectif 2 - l'initiative Y d'atteindre
le montant Z de soutien ou de réponse avant une certaine date). Cela doit être
fait à condition que la communauté soit invitée à prendre part au choix des
objectifs. Si elle décide de ne pas y participer, cet aspect particulier du programme
ne peut avoir lieu.
Avec
une récente proposition, par exemple, je pouvais recevoir un financement de six
initiatives dont nos sondages ont montré que les personnes ciblées étaient intéressées.
En fin de compte, nous avons pu mener à bien trois de ces six initiatives. L'organisme
de financement a été très satisfait des résultats et a financé, plus tard, notre
proposition pour les prochaines étapes.
I.
Remerciements:
En
bref. J'espère que cet essai a été utile et je me réjouis de tous les commentaires
et suggestions. Je suis reconnaissant aux nombreuses personnes qui m'ont aidé soit
dans le développement soit dans la mise en oeuvre de ce qui est décrit ici. En
particulier, je tiens à remercier le Dr Phil Bartle, John Mitchell et Bernice Levitz
Packford, mais aussi et surtout, ma profonde gratitude va aux personnes vraiment
merveilleuses, avec qui j'ai eu le plaisir de travailler dans les Communautés Occidentales
au cours des deux dernières années.
Note de Phil:
Le
lecteur attentif notera qu'il semble y avoir une différence ici, quand David suggère
qu'il n'est pas nécessaire d'obtenir l'accord de toute la communauté, alors que
le matériau de base sur ce site suggère que l'organisation
de l'unité
est
un élément essentiel dans le cycle de mobilisation. La différence est dans le
contexte. Chaque communauté est différente, et le mobilisateur doit adapter le
cycle à chacune d'elle. Le matériau de base a été écrit initialement pour les
communautés à faible revenu en Afrique. Le travail de David a concerné les communautés
de la banlieue de la ville de Victoria dans l'ouest du Canada, qui sont relativement
plus complexes et ont des revenus par habitant plus élevés. Dans notre formation
en gestion, nous disons: «Vous n'avez pas à être mauvais pour vous améliorer."
David paraphrase en disant: «Vous n'avez pas à être pauvres et impuissants pour
devenir plus forts et plus autonomes."
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© Droits d'auteur 1967, 1987, 2007 Phil Bartle Création de site web : Lourdes Sada
––»«––Mise à jour : 05.10.2011
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