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UNE VISITE AVEC LE REMUE-MÉNINGESPar Phil Bartle, PhDTraduit par Jean-Baptiste BaribonekesaNotes pour le facilitateurComment utiliser la session de remue-méninges pour obtenir des décisions participatives de groupeRésumé : Le "Remue-méninges" est un outil clé dans la facilitation du renforcement des groupements. Ce document discute quelques uns des raisonnements sous-tendant les règles et la tenue de la session de remue-méninges. Il montre aussi comment elle se rapporte au but global du renforcement ou de l'édification des capacités des communautés à faible revenu. Introduction : La brochure de deux pages sur "Le remue-méninges" est une mise en scène ─une "recette du savoir-faire"─ destiné aux formateurs apprenant à faciliter les sessions de remue-méninges en vue d'accroître les capacités. Elle n'inclut pas de théorie ou d'explication sur les principes. Ce document vise à compléter cette brochure, et à soulever certaines questions concernant la manière dont la session de remue-méninges est structurée, et comment certaines règles de base contribuent aux objectifs spécifiques de la session de remue-méninges et à l'édification des capacités en général.
Les éléments du remue-méninges discutés ici incluent :
Le remue-méninges a la potentialité d'être un très puissant outil pour atteindre l'objectif global : renforcer les communautés à faible revenu (développement durable). Il aide à renforcer les communautés, à édifier la capacité de la communauté à prendre des décisions vitales concernant son propre destin, et à jouer son rôle légitime dans les processus de démocratisation de la nation et du monde. Comme tous les outils, celui-ci doit être compris par ses usagers, et doit être utilisé d'une manière appropriée, s'il doit réaliser plus de bien que de mal. Décisions créatives et participatives de groupe: Le but de la session de remue-méninges est de créer un environnement pour un groupe, et non pour un individu, en vue de prendre une décision ou un enemble de décisions par le groupe et pour le groupe dans son ensemble. Elle réduit la domination par un individu ou une faction. Elle améliore la participation de tous les participants, avec un encouragement dynamique spécial de la participation par ces individus qui, dans le groupe, pourraient ne pas participer habituellement (quelles que soient les raisons). L'objectif immédiat du remue-méninges n'est pas "la créativité" en tant que telle. Des solutions innovatives et non-orthodoxes aux problèmes sont accueillies et encouragées, mais la session n'a pas pour autant échoué s'il n'y a pas de nouvelle idée engendrée à la fin de la session. (Dans tout le processus de mobilisation, l'analyse des idées et des convictions qui minent le processus de renforcement et l'introduction de nouvelles idées au sein du groupe si elles contribuent au renforcement sont toutes promues). Certaines idées et convictions peuvent être nouvelles au groupe, par exemple le fait qu'ils ont le droit et le devoir de prendre des décisions les affectant, que ce n'est pas leur devoir de demeurer passifs, que ce n'est pas la volonté de Dieu qu'ils ne fassent rien, que l'intégrité culturelle ne signifie pas s'accrocher à des pratiques traditionnelles dysfonctionnelles, qu'ils n'ont pas besoin d'accepter passivement la maladie, la pauvreté et la tyrannie. Certaines peuvent être nouvelles au groupe des participants, sans qu'en réalité elles soient créatives dans le sens d'être nouvelles dans l'univers. La participation prime la créativité. La créativité d'un groupe pris dans son ensemble prime la créativité individuelle durant la session de remue-méninges. L'intention est d'organiser une session de formation qui promeut la participation dans la prise des décisions par chacun au sein du groupe. Les décisions à être prises durant la session doivent être des décisions importantes qui affectent la communauté en tant que telle ou le groupe dans son ensemble. (Ceci n'est pas un simple cas d'école). Les règles de base qui sont temporairement mises en oeuvre durant la session sous-tendent un environnement qui encourage la participation (dans la prise des décisions) parmi ceux qui ne le font pas habituellement. Le rôle du facilitateur : Le rôle du facilitateur dans une session de remue-méninges est essentiel. Une assemblée d'individus, laissés à eux seuls, ne pourraient pas s'organiser spontanément en vue de prendre des décisions importantes de groupe, ni assurer que les apports dans ces décisions proviennent de tous les membres, spécialement ceux qui ont tendance à ne pas participer. Vous avez besoin de structure, c'est-à-dire un ensemble de règles de base et une procédure ordonnée pour que ce processus puisse aller comme prévu. Le rôle du facilitateur est d'abord d'assurer qu'il y a une structure et qu'elle est maintenue. Ensuite, le facilitateur doit démontrer que les décisions prises proviennent des participants en tant que groupe, et non du facilitateur, ni d'aucune faction ou individu au sein du groupe. Ceci est facilité par la structure, et c'est le produit des actions prises par le facilitateur en tirant les suggestions des participants à une session de groupe. Le facilitateur a besoin de beaucoup de compétences et d'expérience en leadership. En ayant ces compétences et en les mettant en pratique dans la mobilisation et l'organisation des groupements communautaires, il est important que le facilitateur ne fasse pas un mauvais usage de ces compétences pour des buts personnels et le gain politique individuel. Le facilitateur a le rôle de mener une assemblée inorganisée de participants individuels à travers un processus qui les façonne et les constitue en un groupe capable de prendre des décisions. Ces actions d'organisation d'une session de remue-méninges sont "menées d'en haut" en ce sens qu'elles sont introduites par le facilitateur, et non les participants, mais elles sont arrangées de façon à amener ce groupe à être un groupe capable de prendre des décisions (décisions provenant d'en bas). Les règles de base de la "Non Critique " et de la "Non Réplique" Dans un sytème politique démocratique, la critique est autorisée, et en fait encouragée, spécialement la critique par les citoyens ordinaires au sujet des leaders en qui ils ont mis leur confiance, aussitôt que ces leaders peuvent être considérés comme en train de s'égarer de la volonté du peuple ordinaire. Dans la structure et la mise sur pied du remue-méninges, cependant, la critique ouverte est réprimée. Encourager ceux qui sont timides. Le facilitateur doit encourager toutes les suggestions, même insensées. Certains paticipants peuvent vous prendre au mot et offrir délibérément une suggestion insensée. Pas de problème. Pas de réaction; pas de jugement de valeur. Notez-les simplement au tableau. Pendant la définition de l'ordre de priorité (voir en bas), les décisions les moins utiles sont presque abandonnées. Il n'y a aucun mal à ce qu'elles aient été là, mais dans l'entre-temps les participants timides ont été encouragés à participer. Après avoir appris qu'ils ne seraient pas soumis à l'examen minutieux du public, et qu'on ne s'attendaient pas à ce qu'ils défendent leur suggestion immédiatement, il était fort probable qu'ils participent. (Le facilitateur a créé un environnement sûr). La critique ouverte peut faire qu'une personne se sente menacée. Dans le remue-méninges, la critique directe est retardée et défrayée jusque plus tard quand les suggestions les moins utiles sont presque laissées tomber. Par le moyen de cette méthode, la crédibilité de ces suggestions peut être suspecte, mais la crédibilité du participant n'est pas mise en question. La réplique tic au tac est une conversation, une discussion entre les participants. Quand un participant fait une suggestion, le facilitateur doit calmement la noter au tableau, n'offrir aucune réaction ou réponse et n'autoriser aucun participant à faire ça non plus. Ceci promeut l'importante conception que le facilitateur n'est pas partisan et n'est pas en train d'essayer d'imposer aucune idée au groupe, mais de faire ressortir les choix du groupe dans son ensemble. Dans les sessions ordinaires (autres que remue-méninges), la réplique et la discussion sont les bienvenues mais elles peuvent être dysfonctionnelles dans la session de remue-méninges. Elles font perdre un temps précieux; elles conduisent à des déviations de l'importante affaire sous rubrique; elles retirent le point focal du processus de prise de décisions du groupe; et elles tendent à récompenser les membres les plus actifs et les moins timides du groupe, laissant les plus calmes derrière. Au delà de la session de remue-méninges en soi, la mobilisation vise à encourager plus de participation des groupes et catégories qui, par le passé, pourraient avoir été systématiquement exclus des pratiques communautaires de prise des décisions. Le mobilisateur a fait beaucoup de recherche sur la communauté et en ce temps devrait savoir beaucoup au sujet de sa composition. Souvent les groupes et catégories de personnes exclues comprennent: les femmes, certains groupes d'âge (personnes âgées, jeunes), handicappés (physiques, mentaux), les pauvres et les faibles, les individus réticents (timides et manquant de confiance), les minorités ethniques et linguistiques, les illettrés et les autres personnes vulnérables et marginalisées. Pendant l'appel aux suggestions, le facilitateur appelle individuellement de telles personnes si elles n'ont pas spontanément offert de suggestion. La facilitateur rappelle aux participants que la critique et la réplique tic au tac sont des règles de base temporaires pour la session de remue-méninges seulement, et qu'elles sont suspendues pour la durée de la session seulement; la critique et la réplique tic au tac sont permises en dehors de la session de remue-méninges. L'usage du tableau et du papier au mur: Le processus de prise des décisions (pendant le remue-méninges) est destiné à être un processus de groupe. Le tableau aide le facilitateur à développer la perception que la décision est une décision de groupe, et non une décision individuelle. Le terme "tableau" utilisé dans la brochure et ailleurs dans ce document peut signifier beaucoup de choses. Au plus haut niveau du spectre, ça pourrait être un rétroprojecteur, le facilitateur utilisant un marqueur sur des transparents plastiques clairs durant le processus. Les plus connus, quand ils sont disponibles, sont des tableaux blancs avec des marqueurs à gommage sec. Dans les écoles locales situées dans les villages ruraux isolés, il peut y avoir des tableaux noirs (parfois contre-plaqué peint en noir, pas aisé à écrire dessus) et le facilitateur utilise de la craie pour noter les suggestions des participants. Si rien d'autre n'est disponible, utiliser la terre lisse ou le sable sur le sol, et un petit bâton pour écrire là-dessus. Là où les groupes sont illettrés, les images et les symboles sont utiles. Les facilitateurs plus organisés qui peuvent investir dans le matériel, utilisent des ensembles d'images et de dessins qu'ils peuvent coller au tableau (par exemple les photos en feutre collent sur des tableaux en feutre ; "le feutre" est une espèce d'étoffe douce). Le mobilisateur devrait être très familier avec la culture de la communauté. La recherche a montré qu'une image qui apparaît comme évidente pour les gens d'une culture peut être interprétée de façon radicalement différente par les gens d'une autre culture. Utiliser un tableau et un marqueur est une partie nécessaire du processus; ça aide à rendre les décisiosn plus objectives ou "la longueur des bras" moins associée à des individus spécifiques. Le processus n'est pas aussi efficace si tout se fait verbalement. Quand des suggestions folles sont notées mais plus tard calmement effacées ou passées sous silence, personne n'est affecté. Le réarrangement des suggestions, leur classement par ordre de priorité, est très transparent et public et attire l'attention des individus. Pour ces raisons, le tableau et le marqueur sont des éléments essentiels de la structure et du processus de la session de remue-méninges. Le contenu et l'ordre des thèmes: N'importe quel ensemble de décisions peut être choisi. Les trois présentés dans cette série de modules sont liés aux projets communautaires :
Version Une :
Version Deux :
Version Trois :
Les deux premières versions sont les quatre questions essentielles de la formation en gestion. En réalité, elles sont seulement des façons légèrement différentes d'exprimer une même chose. Voir Les Quatre Questions Clés de la Formation en Gestion. La troisième version est ce même ensemble de quatre questions étendues en un format commun en vue de la conception d'un projet (souvent utilisées aussi comme proposition de projet ). Voir Conception de Projet. Il est important d'avoir quelque contenu ou un ensemble de thèmes au sujet dequels le groupe prendra des décisions. Nos buts ne seront pas atteints si nous ne faisons que rassembler le groupe et lui dire de sortir avec une série de décisions. Ils demanderons: "Des décisions sur quoi?" Dans chacune des versions ci-haut, chaque point constitue une session de prise de décision. Le facilitateur pose la question, puis demande des suggestions de la part des participants (montre les règles de base si besoin il y a). A mesure que chaque participant fait une suggestion, peu importe qu'elle soit insensée ou sans pertinence, le facilitateur la note au tableau. Les noter au tableau les place dans une situation objective par rapport à chacun des participants qui a fait une suggestion, les rendant aisé à manipuler. Toutes les trois versions citées ici mènent à l'action, ou au moins à la possibilité pour le facilitateur d'être en position d'organiser le groupe pour l'action. C'est de cette façon que cette "formation en gestion" va au delà du transfert des compétences pour inclure l'organisation et la mobilisation. voir: Formation des mobilisateurs. Le processus de "définition de l'ordre de priorité" : A chaque étape de la session, après que toutes les suggestions ont été faites, et que le facilitateur les a notées au tableau, les décisions sur la définition de l'ordre de priorité doivent être prises. Le facilitateur demande d'abord au groupe dans son ensemble d'aider à réarranger les suggestions. Lorsque les suggestions s'avèrent être simplement des façons différentes de dire la même chose, elles sont regroupées ou les répétitions supprimées. Lorsque les suggestions sont similaires, elles sont regroupées. Et puis elles sont classées, en déplaçant les plus importantes vers le haut. Le facilitateur demande au groupe d'aider à décider lesquelles sont prioritaires ("être prioritaire" minimise la notion selon laquelle une idée est "meilleure" qu'une autre, que les idées d'un participant sont meilleures que celles des autres, aidant ainsi à sauver la face à tous ceux qui ont contribué en donnant des idées qui, plus tard, ont été calmement laissées tomber). Il est important de noter que, à cette étape, il est utile d'avoir de courtes mémoires. L'auteur de chaque décision n'est pas mentionné. Ceci aide à minimiser les chances que l'un ou l'autre participant ne voit une suggestion comme la propriété personnelle d'un autre participant. Quand les suggestions insensées sont calmement déplacées vers le bas, personne ne se sent blessé ou brimé; le point est de définir l'ordre de priorité et de choisir la suggestion la plus importante. Ceci demande la compétence du facilitateur, qui édifie cette compétence à travers plus d'expérience. Il est utile pour le facilitateur de rappeler au groupe que les suggestions sont venues d'eux. Quand le groupe en session s'accorde sur un ordre de priorité, alors le facilitateur les rappelle encore que les suggestions sont venues du groupe (et non du facilitateur). Le facilitateur prend un grand rôle de leadership dans la mise en place de la structure, du processus (les règles de base et la façon dont la session est dirigée), mais aussi il montre clairement que le contenu (du processus de prise de décisions en groupe) provient, et doit provenir des participants. L'appel pour l'organisation et l'action : Le remue-méninges, bien qu'il soit un type de session de formation, ne vise pas à former au sujetde la prise des décisions en groupe. C'est un processus de prise de décisions en groupe. Dans deux des trois versions, une des quatre questions clés énumérées plus haut, la question "Comment" est posée. Dans la troisième version, l'avant-dernière question (décider sur le type d'organisation) est une autre façon de demander "Comment?" Comment l'action doit être menée (les objectifs réalisés) est un choix ou une décision du groupe. Si c'était dans une salle de classe ou un institut de formation, peut-être les participants pourraient simplement déclarer ou noter leurs avis concernant la façon d'organiser la réalisation de leur objectif prioritaire. Dans ce processus de gestion en vue du renforcement de la communauté ou du groupement communautaire, au contraire, le but est en réalité de mettre en place et organiser le groupe pour qu'il puisse accomplir ses objectifs. Rappelez-vous, "Ceci est une formation à l'action." Le résultat de la session sera que le groupe a non seulement choisi ses objectifs prioritaires, mais est devenu organisé de telle façon à être capable de les réaliser. Conclusion : La brochure de deux pages décrivant le remue-méninges paraît presque simple, et les règles de base et les procédures de facilitation paraissent directes et simples, quoiqu'un peu dictatoriales. Le raisonnement derrière elles est néanmoins contraire. Il vise plutôt à donner au groupe la capacité de commencer à prendre ses propres décisions en tant que groupe et les considérations sociologiques derrière elles sont loin d'être simples. Nous espérons que les explications ci-haut rendent ces considérations un peu plus claires. ––»«––Une session de remue-méninges: © Droits d'auteur 1967, 1987, 2007 Phil Bartle
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